Terres sécurisées, avenir résilient : écrire le prochain chapitre de la gouvernance foncière en Afrique

La prospérité et la stabilité d’une nation reposent sur la manière dont elle gère ses terres. Des droits fonciers sécurisés constituent le socle du développement durable, soutenant aussi bien l’investissement privé et la planification urbaine que l’équité sociale et la résilience climatique. Sans régime foncier clair et exécutoire, la croissance économique demeure fragile et le développement inéquitable.

Ce principe fondamental a été au cœur de l’atelier de clôture du programme Renforcement des capacités de conseil pour la gouvernance foncière en Afrique (SLGA) de la GIZ, qui s’est tenu à Addis-Abeba, en Éthiopie, du 5 au 6 août 2025. Intitulé « Une décennie à célébrer : faire progresser la gouvernance foncière pour l’avenir de l’Afrique », l’événement a réuni 130 experts pour célébrer les réalisations du programme et, surtout, tracer ensemble une nouvelle voie pour l’avenir.

Pourquoi les droits fonciers sécurisés sont essentiels

Lors d’une présentation liminaire, Thea Hillhorst (Banque mondiale) a montré comment la formalisation et la documentation des droits fonciers produisent des bénéfices majeurs :

  • Stimuler l’investissement et la croissance économique : des droits clairs encouragent l’entrepreneuriat, facilitent l’accès au crédit et attirent capitaux et compétences.
  • Construire des villes durables : la sécurisation foncière favorise la planification urbaine, le logement et le financement des services publics locaux.
  • Renforcer la résilience climatique et réduire les conflits : des droits bien définis préviennent les litiges liés aux terres et améliorent la gestion des ressources face au changement climatique.
  • Autonomiser les femmes et les groupes marginalisés : la documentation foncière permet l’application effective de leurs droits.

Le défi de l’insécurité foncière

Malgré ces avantages, l’Afrique accuse un retard dans la formalisation et la numérisation des droits fonciers. Les institutions formelles ont une portée limitée, les coûts d’enregistrement restent élevés, et les inégalités de genre persistent. Les institutions coutumières, bien qu’importantes, ne sont pas toujours reconnues par des cadres législatifs clairs, créant incertitudes et conflits.

Un nouveau chapitre : capitaliser sur une décennie de progrès

Le programme SLGA et son initiative phare, le Réseau d’excellence sur la gouvernance foncière en Afrique (NELGA), ont été créés pour relever ces défis. En dix ans, NELGA a établi un réseau de plus de 70 universités et instituts de recherche, développé 30 programmes de formation et formé 3 500 experts africains.

L’atelier de clôture a marqué le passage à une nouvelle étape : assurer la durabilité à long terme grâce à des institutions africaines fortes. Les priorités incluent :

  • Réduire la dépendance aux bailleurs par des mécanismes de financement innovants (cotisations, partenariats gouvernementaux, consortium de consultants).
  • Renforcer le réseau en consolidant l’autonomie des nœuds régionaux et en ancrant le secrétariat dans le système de l’Union africaine.
  • Valoriser la prochaine génération grâce au lancement du réseau des alumni de NELGA, destiné à fédérer une communauté panafricaine dynamique d’experts engagés.

L’atelier a réaffirmé que la gouvernance foncière n’est pas une question technique secondaire, mais une condition préalable à la stabilité et à la prospérité du continent. Alors que NELGA entre dans une nouvelle phase, l’engagement collectif en faveur d’institutions foncières transparentes, équitables et efficaces sera la clé pour libérer un avenir résilient et prospère pour l’Afrique.